Revue des marchés de novembre 2025
Canada Vie - 4 décembre 2025
Les marchés semblent calmes, mais les précisions racontent une tout autre histoire. Le budget ambitieux du Canada, les difficultés liées aux droits de douane du Japon et la fin de la plus longue paralysie gouvernementale de l’histoire des États-Unis
Introduction
Les marchés boursiers sont arrivés à la fin de novembre sans avoir véritablement changé. L’enthousiasme suscité par l’intelligence artificielle (IA) a reflué, ce qui a eu pour effet de faire baisser les marchés. Néanmoins, la publication des données économiques des États-Unis plaide en faveur d’une dernière réduction en 2025 des taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale des États-Unis.
L’activité économique mondiale du troisième trimestre de 2025 a été plutôt décevante. Les tarifs douaniers, toujours présents, ont continué de miner la confiance des consommateurs et des entreprises, freinant la demande et les investissements. Les pressions inflationnistes se sont maintenues, mais à un degré moindre qu’en 2022. L’activité manufacturière mondiale s’est ramollie ce mois-ci, en raison de la faible demande mondiale et des tensions tarifaires.
L’indice composé S&P/TSX s’est avancé jusqu’à fracasser un nouveau record. Les secteurs des matériaux et des biens de consommation de base ont été les plus performants. Le rendement des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada s’est amélioré. Les actions états-uniennes ont dégagé un petit gain. Sur le marché des matières premières, le prix de l’or a monté et celui de l’argent a atteint un nouveau sommet. Le pétrole a coûté moins cher en novembre.
Le budget 2025 du Canada
Le premier budget du premier ministre canadien Mark Carney promet de soutenir l’économie du Canada et d’amoindrir la dépendance commerciale du pays envers les États-Unis. Ceux-ci lui ont imposé de lourds droits de douane qui font obstacle à son activité économique. Le budget renferme de nouvelles dépenses vouées à transformer l’économie du Canada et à la rendre plus concurrentielle sur le plan mondial. Cependant, cette mission n’est pas sans conséquence financière considérable. On prévoit que le déficit fédéral pour l’exercice financier 2025-2026 se chiffrera à 78,3 milliards $. Le premier ministre a par après rendu publique la deuxième série des projets d’intérêt national à être étudiés par le Bureau des grands projets. Ils touchent à la liquéfaction du gaz naturel, au transport de l’électricité en Colombie-Britannique et aux minéraux critiques. Le premier ministre a de plus annoncé que les produits dérivés de l’acier entrant au Canada seraient frappés d’une surtaxe afin de soutenir l’industrie de l’acier du pays. De plus, le programme de prêts destiné à l’industrie du bois d’œuvre résineux bénéficiera de subventions additionnelles. Bien qu’elle ait été balayée par un grand vent de changement, l’économie du Canada a su résister aux bouleversements commerciaux imposés par les États-Unis. Le produit intérieur brut a connu une expansion annualisée de 2,6 % au troisième trimestre de 2025, ce qui est supérieur aux prévisions des économistes. Grâce à cette hausse, le Canada, dont l’économie s’était contractée au deuxième trimestre, a échappé à la récession technique. Le raffermissement du marché de l’immobilier et les investissements gouvernementaux sont les éléments ayant le plus contribué à cette remontée. Bien que l’économie canadienne reste préoccupante sous certains aspects, elle s’est montrée combative et capable de poursuivre sa croissance en 2025.
Fin de la fermeture gouvernementale aux États-Unis
La paralysie budgétaire des États-Unis s’est terminée. Les républicains et les démocrates ont conclu un accord qui a rappelé les fonctionnaires au travail et mis fin à la plus longue fermeture gouvernementale de l’histoire. Cette fermeture a eu des conséquences désastreuses pour nombre d’États-Uniens. Elle a aussi nécessité le report de plusieurs communications économiques, report qui a plongé les investisseurs dans l’incertitude quant à la santé économique des États-Unis et à l’influence des données sur la Fed. À la réouverture du gouvernement, on a commencé à publier des chiffres dont la plupart dataient de septembre. D’ailleurs, certaines données d’octobre, touchant par exemple au travail et à l’inflation, ne seront pas publiées mais ajoutées aux rapports de novembre. Toujours est-il qu’en septembre, le marché du travail a créé 119 000 emplois, un rebond par rapport à la perte révisée de 4 000 emplois en août. Cependant, le nombre de personnes sans travail ayant augmenté, le taux de chômage s’est hissé à 4,4 %. Des chiffres plus récents indiquent que les demandes initiales de prestations chômage sont plutôt élevées tandis que l’embauche est faible. Vers la fin du mois, on a appris que les ventes au détail avaient gagné 0,2 % en septembre, soit un peu moins que prévu. Il s’agit de la quatrième augmentation consécutive, mais de la plus modeste, ce qui suggère que les consommateurs des États-Unis réduisent leurs dépenses en raison de conditions financières toujours difficiles. La Fed fera part de sa dernière décision de l’année en matière de taux d’intérêt au début de décembre. À la fin de novembre, les marchés anticipaient une réduction. Plusieurs administrateurs de la Fed se sont d’ailleurs prononcés publiquement en faveur d’une telle coupe.
La croissance économique du Royaume-Uni sur pause dans l’attente du nouveau budget
Pendant le troisième trimestre, l’économie du Royaume-Uni a trébuché sous le poids des conditions budgétaires qui accablent les consommateurs et les entreprises. Le pays a également souffert de la cyberattaque ayant frappé le fabricant d’automobiles Jaguar Land Rover. Selon une estimation préliminaire, l’économie s’est développée de 0,1 % au troisième trimestre de 2025. Il s’agit d’un recul par rapport à l’expansion de 0,3 % du second trimestre, et de la croissance la plus lente depuis la contraction du quatrième trimestre de 2023. La baisse de la production a pesé lourdement sur la croissance du trimestre. La cyberattaque dont a été victime le constructeur automobile Jaguar Land Rover a forcé l’arrêt des opérations et s’est répercutée sur toute la chaîne d’approvisionnement. Les consommateurs, toujours aux prises avec une inflation élevée et des taux d’intérêt, ont dépensé davantage, mais à peine. La Banque d’Angleterre a maintenu son taux directeur à 4,00 % lors de sa rencontre de novembre. Au commencement du quatrième trimestre, les ventes au détail ont décliné de 1,1 % en octobre, preuve que les ménages souffrent des conditions financières serrées. À la fin de novembre, le gouvernement a rendu public son budget, dans lequel il annonce augmenter les taxes pour faire contrepoids à la hausse de ses dépenses. Le gouvernement a dû naviguer sur une mer tumultueuse, agitée par une décélération économique et une accélération du déficit.
La croissance économique du Japon freinée par les tarifs
Le poids du conflit tarifaire avec les États-Unis et le ralentissement de la demande mondiale ont freiné l’économie du Japon durant le troisième trimestre de 2025. Selon une première estimation, elle se serait contractée de 1,8 %, sur une base annualisée. Avant cela, elle avait enregistré des gains pendant cinq trimestres d’affilée, mais elle a finalement succombé sous les assauts de la guerre tarifaire que lui livrent les États-Unis, malgré un accord commercial qui lui impose tout de même une surtaxe minimale de 15 % sur la plupart de ses exportations vers les États-Unis. Le solde commercial net a baissé pendant le trimestre, mettant à mal la croissance économique générale. Les exportations ont en effet reculé de 1,2 %, et les importations ont fait de même mais de manière moins marquée. Pendant ce temps, les ménages, touchés par la hausse du coût de la vie, ont considérablement réduit leurs dépenses.
L’économie du Japon repose essentiellement sur la production de biens et les échanges commerciaux. La production industrielle a fléchi en juillet et en août, mais a repris des forces en septembre. Le gouvernement prépare un train de mesures pour relancer la demande intérieure et soutenir les exportateurs frappés par les tarifs états-uniens. La Banque du Japon doit tenir une dernière réunion en 2025 au cours de laquelle elle pourrait de nouveau relever les taux d’intérêt.
Rendements des marchés - au 30 novembre 2025